Le poids de Jupiter

mercredi 7 septembre 2011
par  administrateur
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Il arrive régulièrement que, par abus de langage, certains astrologues assimilent « planètes lentes » à « planètes lourdes ». Dans son Dictionnaire astrologique (Éd. Dervy, coll. La Roue Céleste, 1992), Henri-J. Gouchon tombe dans le piège : le lecteur qui y cherche l’article « lentes » trouve la liste suivante : Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Et, à l’article « lourdes », il trouve exactement les mêmes mais en ordre inversé ! Faut-il en déduire que les planètes les plus lentes sont aussi les plus lourdes et que le pas planétaire est directement proportionnel au poids ? Naturellement non, et c’est là que se situe l’abus de langage : le pas est lié à la distance de chaque planète par rapport à la Terre (d’un point de vue géocentrique). Ainsi, les plus éloignées sont les plus lentes. Quant au poids, il suffit de savoir que le diamètre de Pluton (2.280 km) est inférieur à celui de la Lune (3.476 km) et que, en masse, elle est cinq fois inférieure à notre satellite. Et, si l’on se réfère à la densité, ce sont les planètes individuelles qui tiennent le haut du pavé : la moins dense d’entre elles, la Lune (3,3), l’est davantage que la plus dense des lentes, Pluton (2,1).

En fait, notre système solaire ne compte que quatre planètes géantes : Jupiter (diamètre de 142.796 km et masse équivalente à environ 318 fois celle de la Terre), Saturne (diamètre de 120.660 km et masse équivalente à environ 95 fois celle de la Terre), suivies de loin par Uranus (diamètre de 51.120 km et masse équivalente à environ 15 fois celle de la Terre) et Neptune (diamètre de 49.520 km et masse équivalente à environ 17 fois celle de la Terre). S’il faut donc parler de planètes lourdes (et encore faudrait-il connaître l’utilité de cette distinction pour l’interprétation), du point de vue de la masse ce sont ces quatre, et elles seules, qui méritent le titre. Naturellement, la palme revient à Jupiter qui, à elle seule, pèse plus que toutes les autres planètes, satellites, astéroïdes et comètes réunis. Qui peut donc encore se demander pourquoi les jupitériens prennent-ils autant de place ?! Mais, on l’a vu, si on se réfère à la densité, tout se modifie et nous avons dans l’ordre (après la Terre) : Mercure, Vénus, Mars et Lune, suivie par Pluton, Neptune, Jupiter, Uranus et Saturne.

Jupiter, le poids lourd du système solaire que les Grecs appelaient Zeus, était une divinité régissant notamment le temps qu’il fait et, en particulier, la foudre et le tonnerre. Sans oublier son pouvoir souverain sur tous les dieux du panthéon.

Ces correspondances sont, depuis, confirmées astronomiquement. En particulier, l’on sait maintenant que l’atmosphère de la planète est particulièrement secouée par des vents de tempête tels que l’on ne pourrait pas les imaginer sur Terre et par d’énormes tourbillons dont le plus grand est la très connue Grande Tache rouge, un gigantesque cyclone qui semble ne jamais vouloir s’arrêter. Ce que l’on sait moins, c’est que Jupiter joue un rôle primordial de bouclier pour la Terre : sans lui, les impacts géants d’objets célestes sur notre planète auraient été mille fois supérieurs qu’ils ne le sont. Ainsi, les extinctions massives des formes les plus évoluées de vie auraient eu lieu tous les cent mille ans et non plus tous les cent millions d’années, comme le croient ceux qui attribuent à la collision avec une météorite géante ou une comète la disparition des dinosaures, il y a soixante-cinq millions d’années. Or, d’après certains spécialistes, cent mille ans constitueraient un intervalle insuffisant pour qu’apparaissent des formes de vie évoluées.

Le pouvoir de Jupiter ne s’arrête cependant pas là puisque la planète est responsable de la variation périodique de l’excentricité de la Terre et des autres planètes telluriques, ainsi que du dérapage, à terme, de cette variation. À cause de cela, le système solaire ne peut plus être considéré comme stable, même s’il l’est de manière suffisante pour nous héberger. Il s’ensuit qu’aujourd’hui, l’existence des planètes géantes – et de Jupiter en particulier – apparaît aussi déterminante pour l’espérance de vie d’un système planétaire que l’est la longévité de son étoile centrale.

Quant à l’influence climatique de Jupiter sur notre planète, elle est tout aussi réelle, mais les explications à ce propos nous mèneraient dans des détails difficiles à suivre...

Reste une question qui ronge l’humanité depuis des millénaires : pourquoi donc Jupiter a-t-il permis à un corps céleste de détruire les dinosaures ? Brigitte Bardot n’en revient toujours pas...

Quelques Renseignements Techniques

  • Diamètre : 142.796 km.
  • Distance moyenne du Soleil : 1,4 milliards de km.
  • Température en haute atmosphère : environ -130°.
  • Densité : 1,3 g/cm3.
  • Durée de sa révolution autour du Soleil : 11,86 années.
  • Durée de sa rotation : 9,9 heures.
  • Particularités :
    • Jupiter est, après le Soleil, la Lune et Vénus, le plus brillant objet du ciel, ce qui explique sans doute l’importance qu’on lui a toujours attribué.
    • La Grande Tache rouge est gigantesque : 13.000 km du nord au sud et 40.000 km d’est en ouest. Trois Terres côte à côte ne suffiraient pas à en atteindre les bords !

Pour la Petite Histoire…

Seize satellites invisibles à l’œil nu entourent Jupiter, dont les quatre premiers furent découverts en 1610 par Galilée, muni de sa célèbre lunette. Comme tout le monde le sait, les satellites sont des lunes et les lunettes... des petites lunes (objets en forme de Lune). En fait, à l’époque, la lunette de Galilée s’appelait « tubum opticum » (tube optique). ♦

Tous droits réservés Michaël MANDL

Reproduction totale ou partielle interdite sans autorisation de l’auteur

(Article paru dans InfoSophia n°41, 1/1998)


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